Madame Monsieur place la France au centre de l'attention Européenne

Ce vendredi est une date importante pour la délégation française puisqu'elle marque l'entrée en lice de nos représentants sur la scène de l'Altice Arena. Madame Monsieur arrivent un statut de favoris conforté par la déception engendrée depuis le début de la semaine par les performances Israéliennes et Australiennes. En attendant la répétition prévu ce soir et qui sera suivie de la première conférence de presse, j'ai décidé d'enchaîner les rencontres avec les artistes. Au programme aujourd'hui les 4 derniers pays de la première demi-finale, les six premiers de la seconde, les pays du Big 5 et nos hôtes portugais. Entre les conférences, direction la salle pour voir les prestations sur écran.
L'Arménie ouvrait le bal ce matin : pas de scoop pendant la conférence de Sevak qui s'exprimait en Arménien mais une jolie version acoustique de "Qami" lorsque je lui ai demandé de présenter ses choristes.
Le sympathique duo suisse Zibbz succédait aux Caucasiens. C'était l'occasion d'entendre Coco, la chanteuse, interpréter "Enough is enough" de Donna Summer avec qui elle avait eu la chance de chanter peu avant sa mort. La délégation irlandaise prenait place ensuite et Ryan O'Shaughnessy nous apprenait qu'il préférait composer plutôt que de chanter et qu'il n'avait pas de plan de carrière pour l'après-Eurovision.
Après ces trois conférences assez calmes, Eleni Foureira, la plantureuse chypriote d'adoption venait mettre le feu dans la salle. Soutenue par un public conquis, elle présentait à grand renfort de superlatifs son équipe parmi laquelle sa chorégraphe et metteur en scène, la renommée Suédoise Sacha Jean-Baptiste. Et nous indiquait que son prochain single serait en français, la reprise du tube de Dalida "Gigi in Paradisco".
Ayant le redoutable honneur d'ouvrir la seconde-finale, Alexander Rybak a vu sa cote remonter en flèche depuis sa première répétition et c'est donc sans surprise que la salle était comble pour assister à sa conférence. Le norvégien y a exprimé avec humilité sa joie de revenir à l'Eurovision en tant que chanteur après quelques échecs avec ses compositions dans plusieurs sélections européennes. Après la pause méridienne, c'est dans une salle clairsemée que le groupe Roumain The Humans venait se produire. Habitués à faire des reprises de chansons, ils nous ont gratifiés de celle de "Let me try" (Roumanie 2005).
Sanja Ilic et le groupe Balkanika venaient ensuite répondre aux questions des journalistes. De façon étonnante, Sanja Ilic compositeur de "Halo Halo" (Yougoslavie 1982), bien que crédité comme interprète n'est pas sur scène, il a laissé sa place à une vocaliste supplémentaire par souci de cohérence musicale.
San Marin a su créer l'évènement à Lisbonne malgré une chanson un peu faiblarde et des interprètes sans grande connexion artistique grâce à l'apport de petits robots brandissant des messages à caractère humoristique : celui d'aujourd'hui "Justice for Valentina" a fait éclater de rire toute la salle de presse et nombreux étaient les journalistes qui voulaient plus rencontrer le petit robot que Jessika, la résiliente maltaise (elle a tenté sa chance à 10 reprises dans son pays sans succès) et la rappeuse d'adoption Jennifer Brenning. Néanmoins, l'enthousiasme de Jessika était extrêmement communicatif et faisait plaisir à voir. Là encore, il est évident que la collaboration entre les jeunes filles prendra fin après le concours.
Les imposants vikings danois venaient ensuite envahir la salle et nous offraient une version tout en douceur de "Dandevise" la gagnante de 1963.
Après une longue pause qui m'a permis d'assister aux répétitions anglaises, espagnoles, allemandes et italiennes, place au pays hôte, le Portugal de tenir son "meet and greet". Claudia Pascoal et Isaura se sont montré généreuses, ouvertes et plein d'humour et de spontanéité pour exposer le message empli d'émotion d' "O Jardim" en hommage à la grand-mère de la compositrice lusitanienne.
La britannique Surie en est à sa troisième expérience à l'Eurovision après deux participations en tant que choriste pour la Belgique en 2015 et 2017, elle maîtrise donc à la perfection l'art de la communication et a fait preuve de beaucoup de fraîcheur de professionnalisme.
Le contraste avec la candeur du couple espagnol Amaia et Alfred était saisissant. Il y a quelques mois ils étaient encore inconnus avant de participer à la nouvelle saison d'Operacion Triunfo que la benjamine du concours 2018 a remporté. Ce sont maintenant de vraies stars en Espagne mais je doute qu'ils ne le deviennent à Lisbonne. Tout le décorum qui les entoure est mièvre et dégoulinant de bons sentiments et ne devrait par susciter d'adhésion lors des votes du 12 Mai au -delà des Pyrénées.
Personne n'attendait grand chose de l'Allemagne après trois années consécutives de résultats catastrophiques. Cette année, elle présente Michael Schulte avec une balade sur la perte de son père lorsqu'il était enfant. Le visuel allemand est très réussi, grâce à l'apport d'un mur de LED apporté par la délégation rehausse la prestation vocale sans faille de Michael.
C'est fort de ce nouveau crédit inattendu qu'il s'est présenté en conférence de presse. Sa chanson a également pris une autre dimension lorsqu'il a évoqué sa prochaine paternité et sa volonté d'apporter à son futur enfant la figure paternelle qu'il n'a que brièvement connu. L'avant dernière conférence de presse de la journée était celle de l'Italie.
Ce sont deux stars transalpines qui ont uni leurs forces dans une chanson dénonçant la lâcheté des attentats ayant frappé l'Europe au cours des dernières années. Le titre "Non mi avete fatto niente" écrit à la suite de l'explosion survenue en marge du concert d'Ariana Grande en mai 2017 à Manchester possède un texte magistralement fort qu'il était nécessaire de faire partager à toute l'Europe d'où une scénographie simple dans laquelle les artistes expriment leur colère contre la lâcheté des terroristes pendant que les paroles de la chanson s'affichent en incrustation traduite dans de nombreuses langues. Fabrizio et Ermal ont relayé le message puissant de leur titre lors de la conférence de presse alors qu'intelligemment le texte des paroles et leur traduction anglaise étaient distribués aux journalistes présents en conférence de presse. C'était enfin au tour de la délégation française de pénétrer en salle de conférence. Malgré l'heure tardive celle-ci était comble tant le crédit de nos représentants au zénith depuis leur tour des concerts pré-eurovision et renforcé par la profondeur du message humaniste véhiculé par "Mercy" avait été amplifié par le ressenti globalement positif des journalistes au vu de leur première répétition. Bien sûr il existe de nombreux axes d'amélioration tant sur l'utilisation de l'espace scénique (le jogging imposé à Emilie pour rejoindre Jean-Karl) que sur les plans caméras (Jean-Karl se retournant pour attraper son micro avec gros plan sur son dos) mais l'essentiel est là. La délégation française a su garder intacte la puissance de la chanson tout en apportant du dynamisme visuel et en emportant l'adhésion du public par le gimmick de bras déjà en place à Destination Eurovision. Le naturel de nos représentants, la pertinence de leurs réponses et leur proximité avec les fans/journalistes présents ont encore prouvé que cette année il faut compter avec la France pour occuper une place en haut du classement et pourquoi pas trouver en Madame Monsieur les successeurs de Marie Myriam. Après cette intense journée, il est temps de rentrer se reposer pour être en forme pour une nouvelle journée de rencontre avec les artistes de la seconde demi-finale demain.

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